L'Épistolaire

correspondances

Archives Mensuelles: décembre 2011

Extrait de «Sémantique structurale / Recherche de méthode» par A.-J. Greimas

Le coup de grâce lui a finalement été donné par le triomphe d’une certaine conception de la linguistique s’appuyant sur la psychologie du comportement. On connaît la fameuse définition du signe linguistique donnée par Bloomfield (Language) : celui-ci est «une forme phonétique qui a un sens» (p. 138), «un sens dont on ne peut rien savoir» (p. 162). En tenant compte de telles attitudes béhavioristes, il était devenu courant de considérer la sémantique elle-même comme n’ayant pas de sens. Et pourtant, comme le remarque justement Jakobson en parlant de ceux qui disent «que les questions de sens n’ont pas de sens pour eux: quand ils disent «pas de sens», de deux choses l’une: ou bien ils savent ce qu’ils veulent dire, et par le fait même la question du sens prend du sens, ou bien ils ne le savent pas, et alors leur formule n’a plus de sens du tout» (Essais, p. 38-39).