L'Épistolaire

correspondances

Extrait de «Sémantique structurale / Recherche de méthode» par A.-J. Greimas

Le coup de grâce lui a finalement été donné par le triomphe d’une certaine conception de la linguistique s’appuyant sur la psychologie du comportement. On connaît la fameuse définition du signe linguistique donnée par Bloomfield (Language) : celui-ci est «une forme phonétique qui a un sens» (p. 138), «un sens dont on ne peut rien savoir» (p. 162). En tenant compte de telles attitudes béhavioristes, il était devenu courant de considérer la sémantique elle-même comme n’ayant pas de sens. Et pourtant, comme le remarque justement Jakobson en parlant de ceux qui disent «que les questions de sens n’ont pas de sens pour eux: quand ils disent «pas de sens», de deux choses l’une: ou bien ils savent ce qu’ils veulent dire, et par le fait même la question du sens prend du sens, ou bien ils ne le savent pas, et alors leur formule n’a plus de sens du tout» (Essais, p. 38-39).

Le bouleau

[beith betula bétula betulla birch Birke birki birk bjirk berk bjørk björk breza beržas abedul koivu]

Arbre occidental s’il en est, le bouleau est presque universellement défini comme celte. À part quelques exceptions comme les langues de type altaïques (comme le koivu finnois), son nom est essentiellement tiré de l’indéfectible Ogham celte.

C’est la première lettre — ᚁ — et il représente le cycle de la vie (la naissance autant que la mort, mais surtout, le renouvellement perpétuel). Un nouveau départ, une purification, reconnaissable aussi par sa couleur blanche. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les pécheurs se fouettaient à l’aide de branches de bouleau (« to birch oneself »). Est associé à la Samhain, et débute l’année celtique (novembre). Beith, murmuré, est comme un souffle de vie.

Wikipédia (en anglais seulement) en dit ceci:

The Auraicept na n-Éces contains the tale of the mythological origins of Beith[1]

This moreover is the first thing that was written by Ogham, [illustration of seven b’s, in Ogham script] i.e. (the birch) b was written, and to convey a warning to Lug son of Ethliu it was written respecting his wife lest she should be carried away from him into faeryland, to wit, seven b’s in one switch of birch: Thy wife will be seven times carried away from thee into faeryland or into another country, unless birch guard her.On that account, moreover, b, birch, takes precedence, for it is in birch that Ogham was first written.

In the medieval kennings, the verses associated with Beith are:

Féocos foltchaín: « Withered foot with fine hair » (Word Ogham of Morann mic Moín)
Glaisem cnis: « Greyest of skin » (Word Ogham of Mac ind Óc)
Maise malach: « Beauty of the eyebrow » (Word Ogham of Culainn)[2]

Beith aura donné en latin betula, ce qui versera en portugais et italien bétula et betulla, et même abedul en espagnol (qui aura un peu plus glissé), puis bouleau en français.

Beith est aussi à l’origine du birch anglais et de plusieurs autres dérivés, comme Birke en allemand, birki, birk, bjørk & björk en islandais, danois, norvégien et suédois (maintenant, vous connaissez l’origine des noms du grand hockeyeur et de la grande chanteuse pop expérimental!), berk & bjirk en flamand et frisien et même beržas et breza en lituanien et slovène!

La croisée des chemins

(À la demande de Déréglé temporel)

La croisée des chemins est un sujet très particulier à aborder dans l’étymologie. D’abord parce que ce n’est pas un mot à proprement parler et ensuite parce que c’est un concept plus ou moins vague, mais auquel on réfère très aisément. Il y a donc, évidemment, deux mots à y observer: CROIX et CHEMIN.

***

Pour ce qui est de croix, le plus loin que j’arrive à remonter dans mes sources est ceci: gibet fait de deux poteaux perpendiculaires (CNRTL). Évidemment, cela va un peu de soi. Pourtant, c’est tout ce qu’on retrouve à ce sujet, à part que c’était utilisé comme instrument de torture et que le latin crucio (et ses dérivés) signifie «torturer». Et donc, tout ce qui a trait à «mettre à la croix» ou «traîner sa croix comme une charge» est sémantiquement très sombrement chargé.

Il n’y a pas de différence notable avec le mot anglais cross, (même l’ancien irlandais donne cros) qui provient visiblement du même crux latin, comme le scandinave kryss, l’allemand Kreuz ou l’italien croce et les autres espagnols et portugais cruz. Cependant, l’anglais cross aura remplacé l’ancien mot, disons plus générique, de rood, qui signifiait simplement un «poteau», très certainement lié à l’anglais rod.

Plus ou moins tout ce qui signifie «former une image en croix», donc, représente le verbe croiser (donc son dérivé croisée). Même principe pour l’anglais across, qui est simplement la réalisation d’une ligne parcourue théoriquement perpendiculairement.

Stockholm

Du côté du chemin, par contre, l’étymologie est beaucoup plus complexe et intéressante. chemin est un mot qui prend originellement ses racines dans le celte CAMB-, qui signifie «courber, déplacer, marcher», ce qui aura donné camino en latin, puis en italien. (À noter que cambio signifie «changer») De ce mot, chemin est né vers 1100, en tant que «voie reliant deux endroits».

Les langues germaniques, elles, sont allées jusqu’à puiser dans le sanskrit. vahati signifie «transporter»; vahitram, vaisseau (notez le rapprochement graduel!). C’est surtout le premier, qui, avec le temps, donnera weigh (peser) en anglais, qui finira par glisser jusqu’à way, «chemin». Même chose avec l’allemand Weg (le flamand weg) et le scandinave vegg ou vägg (de l’islandais veggr).

***

Donc, la croisée des chemins signifie, historiquement, le «mouvement selon une torture» ! Quelle belle perspective…

Le chêne

[duir, door, dyrr, portus, porte, opportun(isme), aperto, percer (πειρω)]

La force et la grandeur du chêne l’aura tout simplement propulsé au noble statut de «roi de la forêt», surtout chez les Celtes, où il est plus que dominant.

Il aura protégé l’Angleterre, dit-on, par ses solidité & protection. Il fournit le bois de leurs navires (qui font leur force militaire), des demeures et des meubles, et de leur porte. Il survit à l’éclair, alors il résiste à l’étranger dont on ne veut pas. Outre cela, il est aussi un «portail» vers un autre lieu. Il est un pilier d’échange entre amis; la porte est ouverte si la personne est estimée.

 

Vieux chêne

Vieux chêne

En celte, le mot «chêne» est duir, et ce mot signifie à la fois «porte» et «chêne».

C’est l’ascendant direct de l’anglais door, en passant par dyrr en vieux norrois, qui aura donné dör & dør en suédois & danois et norvégien.

***

Par contre, il est intéressant de constater que malgré l’aspect «portail» du chêne du côté celtique/nord-ouest de l’Europe, celui latin se sera plus concentré sur le sens d’«ouverture» que les nordiques. Effectivement, le mot français «porte» proviendrait de portus (port), qui lui, dérive du grec πειρω, «percer». Or, «importun» se référait d’abord aux échanges maritimes, et aura, avec le temps et par glissement de sens, pris la signification de choses désignant avantage ou contrariété.

*26 janvier: À titre informatif, je suis récemment tombée par hasard sur le blogue de krapooarboricole et cet article sur le chêne est pas mal pertinent à référer ici!!

Estaminet

Tiré de Wikipédia, très intéressant :

L’histoire du mot estaminet est plutôt riche et donne lieu a plusieurs hypothèses concernant son origine. En 1802, l’Académie française le définit en une formule lapidaire : «Assemblée de buveurs et de fumeurs», ayant établi le constat, a posteriori, que cette appellation nouvelle qu’on ne trouve qu’à partir du milieu du XVIIIe siècle désigne aussi le lieu où elle se tient. Il est précisé également que « Cet usage qui vient des Pays-Bas s’est propagé à Paris où l’on dit aussi Tabagie pour distinguer ces sortes d’assemblées ».

D’après l’hypothèse la plus répandue, le mot serait d’origine Walonne, et viendrait de « Staminé », qui signifie une salle à piliers. Une origine flamande lui est également attribuée, provenant du mot « Stamm », qui veut dire famille, et l’estaminet serait donc une réunion de famille. Le patron flamand invitait d’ailleurs les clients à entrer en leur lançant un « Sta Menheer » malicieux (faîtes une halte, monsieur).

On lui donne aussi une origine espagnole (la Flandre fut, un temps, espagnole) provenant de « Esta un minuto », un lieu où on passe rapidement boire un verre, ou plus coquin « Esta minettas ? » qui signifie « est-ce qu’il y a des filles ? »

Le mot Estaminet était très utilisé avant la première guerre mondiale, et désignait plutôt un débit de boisson. On y trouvait souvent, dans le même lieu, une épicerie ou un maréchal ferrant, et il s’apparentait un peu à nos cafés multiservices d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, on donne le nom estaminet à des tavernes ou auberges typiques qui reprennent en décoration des ustensiles anciens, et des décorations typiques, rustiques et traditionnelles.

viaEstaminet – Wikipédia.

Les mots intraduisibles

Aujourd’hui, j’apprends qu’en France, le mot statement n’est pas connu ! Chose, pour ma part, surprenante, puisque les Français sont reconnus pour leurs emplois assez tenaces des anglicismes. Hum. Mais faut dire, statement n’a pas l’air de se traduire. Quoiqu’il ne figure pas dans tous les dictionnaires de la langue française… encore. Pour moi, c’est un mot très utile et s’il n’a pas d’équivalent français, pourquoi pas utiliser l’original!

Et juste comme ça… ce qui m’a fait apprendre ça, c’est ma contribution à la très louable et savoureuse Exquise Nouvelle qui se fait en ce moment sur Facebook, idée originale de Maxime Gillio, écrivain.

Réflexion sur les arts et la société

(via ee2010.posterous.com)

Art : «Ensemble de moyens, de procédés conscients qui tendent à une fin.» ; «Chacun des modes d’expression esthétique, dans quelque domaine que ce soit.»

Langage : «Fonction d’expression de la pensée et de communication entre les hommes, mise en œuvre au moyen d’un système de signes vocaux (parole) et éventuellement de signes graphiques (écriture) constituant une langue.» ; «Façon de s’exprimer. Usage du langage propre à un groupe ou à un individu.»1 Lire la suite

École d’Été de l’INM

Si je suis fantomatique ces temps-ci, c’est entre autres parce que je blogue comme une déchaînée ailleurs!

Sur twitter, je suis @svane_ et je suis reporter officielle de l’événement EE2010, et sinon je suis aussi responsable du blogue officiel des médias sociaux: EE2010 !

Good times!

La peur

[peur pavor fright (fight pek fekhtanan pluck) fear fahr (per por) angst frykt BEB-  trembler(feb, fibre, fièbre) CRIT- craindre(chagrin) hræða rädsla]

La peur a une drôle d’histoire parmi les mots germaniques. Entre Lire la suite

NOUVELLES!

Je viens tout juste de gagner un concours!! Ça me fait bien marrer! Vous comprendrez pourquoi quand vous ferez jouer la vidéo pour laquelle j’ai composé la bande sonore:

http://parolecitoyenne.org/remix (La mention spéciale!)